lundi 2 novembre 2015

Mai Pen Rai - Epilogue


- Cet article a été écrit pour le journal Voyagô de Sciences Po Aix. Ce journal est un recueil des expériences des étudiants expatriés -

Voici enfin mon épilogue, mon point final.


« Chiang Mai dans le Nord de la Thaïlande, il est 18h. Le soleil commence déjà à se coucher derrière la montagne de Doi Suthep. Fin de journée, je suis sur mon scooter et valse parmi les véhicules pour rentrer chez moi en rapidité, juste après la rivière Ping, pour y déposer mes quelques affaires de boulot. Bon sang qu’ils sont lents ces Thaïlandais. Ma conduite marseillaise n’est décidemment pas des plus appropriées dans cette ville. On m’attend pour le repas au marché de Chiang Mai Gate et comme d’habitude je suis légèrement en retard. Ce quart d’heure aixois me poursuit même à l’autre bout de la planète. La faim me taraude … je prendrai bien une salade de papaye avec un bon smoothie mangue/ananas. En tout cas, je ne dépenserai pas plus de 2 euros pour manger, c’est chose certaine.

« Sawadee ka, sabai di mai ? Som tam mai phet ka ![1]»

Et merde, c’est encore trop épicé. Je n’arriverai pas à finir ma salade et boire de l’eau de sert à rien dans ces cas-là. A qui il reste une boulette de riz pour faire passer le piment ? Allez, je sue encore : cette frange je vais finir par me l’arracher. Entre la chaleur et l’épicé je suis mal barrée. Il fait 30 degrés, et il est 20h, c’est le mois de mars.
Malgré ma tenue, short et claquettes, je reprends mon scooter. Si ma mère me voyait … néanmoins, j’ai un casque (un peu grand certes), mais j’en ai un ! Puis je suis seule sur mon scooter … je ne transporte pas toute ma famille et le chien avec moi. Bref je vis à la thaïlandaise, alors peu importe : ici le danger n’existe pas.
Je dois rejoindre ceux du boulot pour aller boire un coup : car oui, c’est mardi soir. Direction le North Gate Jazz Bar, le lieu de prédilection de tous les expatriés. Dire que ce bar me semblait des plus étranges et peu engageant quand je suis arrivée … tout ce monde qui écoute du jazz à moitié dans le bar et je dirai même aux trois-quarts débordant sur la route. Combien de personnes de ma connaissance vais-je croiser ce soir ? Une, deux, trois, quatre … décidemment, Chiang Mai est vraiment une toute petite ville. C’est qui celui-là ? Zut, c’est quoi son prénom … Bon tant pis, souris et demande après à ton pote s’il le connaît. Ah non, voilà Kanji, le mi-Birman mi-Anglais, qu’il est bruyant … où est passé le mi-Français mi-Thaï qui est en fait Américain ? Ah voilà l’Ecossais, la Canadienne, l’Italien et le Singapourien, les autres mi-Thaïs et mi-Américains. Cool il y a même le Hollandais qui a 76 ans, lui il est extraordinaire, on dirait qu’il a toujours 16 ans dans sa tête, c’est la mascotte. Voilà l’Australienne et son copain. On est tous là, c’est la fin du festival, on décompresse. Mes collègues françaises ne devraient pas tarder à arriver non plus.
Qu’est-ce qu’on boit ? Bière Chang. Bon sang … que le vin me manque. Qu’est-ce que je ne donnerai pas pour un petit rosé pamplemousse à l’ancienne. Mais bien sûr, à part du rouge et du blanc, ici ils ne connaissent pas grand-chose. Il y en a assez de la bière asiatique sous toutes ses formes. Et le vin de riz ce n’est pas non plus extraordinaire …  Je vais éviter de me plaindre sinon je vais encore passer pour la « frenchie » de base, si je sors une critique sur le « wine » la réponse sera forcément « cheese ». Déjà qu’ils ne sont pas foutus de manger autre chose que du riz dans ce pays … franchement vivement la France, mon pain et mon bon vieux frometon qui pue, pas un qui fait semblant ! 
Car oui le riz, parlons-en ! … en fait non, n’en parlons pas. Cette abomination qui n’a point de goût et qui n’est décidément pas fait pour les occidentaux. Je pratique le boycott du riz depuis déjà 6 mois et je ne m’en porte qu’au mieux.
Fin de soirée, j’ai croisé au moins quatre personnes dont j’ignore le nom : déjà qu’avec les prénoms français j’ai du mal, alors les prénoms thaïs … c’est perdu d’avance. Il est l’heure de rentrer à la maison, c’est minuit le bar ferme. Le rythme de vie thaïlandais c’est plutôt du lever tôt (5h du matin) coucher tôt (20h). C’est ce qu’on appelle vivre avec le soleil, mais heureusement ils ne sont pas tous dans ce cas-là, un bon nombre vit à « l’occidentale » et sort le soir. Néanmoins, concernant la bouffe, il y aura toujours quelques choses d’ouvert quelle que soit l’heure.  
Il est minuit, je rentre chez moi. Les bières m’ont un peu assommée, personne n’est sur la route, Chiang Mai dort. Je songe à la France, je songe à ma famille, mes amis, à ceux qui sont dans d’autres pays pas si loin de moi au final. Je songe à tout ça et je compte les mois avant mon retour, trépignant d’impatience à la fois à l’idée de rentrer et le cœur déchiré à la seule idée d’y penser. »

« Vivement la France … »

Lorsque j’étais là-bas, la France me semblait loin et presqu’un rêve. Il me semblait que jamais je ne rentrerai chez moi. En raison, cette sensation d’être finalement chez moi à Chiang Mai. Cette ville était devenue ma maison, je la connaissais comme ma poche, chaque rue, chaque restaurant, chaque bar … de nombreux visages croisés dans la rue m’étaient familiers. Aux échoppes, on me reconnaissait. Je faisais partie de Chiang Mai. En tant qu’expatriée, une nouvelle vie est à construire de zéro et c’était chose bien faite me concernant. J’ai pu me rendre compte que je me sentais si proche de cette ville à l’occasion de mes voyages et retours à répétition. Si je suis partie pour vivre en Thaïlande, c’est aussi l’Asie un peu plus dans sa globalité que j’ai pu découvrir et que j’ai su apprécier. Un billet low-cost et une visite chez une sciencespiste du coin : le tour est joué, on peut voyager pour pas cher ! De la Thaïlande, je suis allée au Cambodge, en Australie (si si, il y a une forte population asiatique en Australie), à Singapour, à Hong-Kong, au Japon, en Birmanie et au Vietnam. J’ai pu rendre visite à mes amies et voir dans quel univers elles évoluaient de leur côté. J’étais capable de comparer les expériences de chacune et les pays d’accueil, les paysages, les populations, les mœurs, la nourriture (surtout la nourriture) … et les prix. La Thaïlande c’est aussi ça, un coût de la vie si bas que je pouvais me prendre pour la reine du pétrole ! Mais plutôt que de boire des coups à répétition, j’ai préféré mes billets d’avion. 

Chaque retour à Chiang Mai, j’éprouvais cette même sensation : me revoilà à la maison.

Mon départ définitif fut des plus douloureux quand j’ai réalisé que je ne reverrai plus jamais cette ville intacte, du moins telle que je l’ai connue. Quand je me revois le premier jour débarquer avec ma grosse valise, la traînant sur le sol à pavés de la guesthouse … je réalise à quel point j’ai su faire mon chemin et à quel point l’Asie m’a apportée. Certes le premier mois ne fut pas une partie de plaisir : il a fallu s’adapter. Et cette adaptation n’est jamais accomplie définitivement tout au long de l’année à l’étranger : elle se fait par étapes, mais alors que vous rentrez au bout de 11 mois, vous ressentez que vous pensez bien différemment. Il ne faut jamais croire que l’on sait tout sur son pays d’accueil, la surprise reste au rendez-vous. Tolérance, compréhension, acceptation : vous n’êtes pas dans votre pays, vous n’avez d’autres choix que de vous inclure dans cette nouvelle société, du moins si vous voulez y vivre et évoluer agréablement, changez vos critères car vous êtes l’intrus. Les réflexes français ne sont pas bons conseillers. Le français à l’étranger est insupportable : il se prend pour le roi, il pense que tout lui est dû. Ceci n’est pas ma conclusion, mais celle des trois-quarts des expatriés français avec qui j’ai pu parler.
Quant aux Thaïlandais, ils se sont révélés être en accord avec bon nombre de clichés dont j’avais eu vent : ils sont souriants et accueillants, mais fiers, bien trop fiers ! Et oui, les Marseillais ne sont rien à côté. Demandez votre chemin à un Thaïlandais pour voir … :

«  - Sorry, I got lost, do you know the way from here to this temple ?
-          Yes.
-          Shall I go left or right ?
-          Yes. »

Quand il ne sait pas la réponse, le Thaïlandais vous dira toujours « Yes ». Il s’agit de ne pas perdre la face. Chose problématique quand on est perdu dans une ville que l’on ne connaît pas et que personne ne comprend ce que vous racontez. Le Thaïlandais parle un anglais très approximatif : j’appellerai ça l’anglais du commerce. Quand il s’agit de chiffres, ils s’en sortent (et oui puisqu’il faut tout marchander), par contre ce n’est pas la peine d’essayer d’avoir une discussion profonde avec les teneurs d’échoppe de rue. Ceux qui parlent très bien anglais viennent pour la plupart de Bangkok. C’est en côtoyant des Thaïs de la capitale et des expatriés que mon niveau d’anglais s’est amélioré. J’ai rencontré des personnes venant des quatre coins du monde, parlant avec tous les accents possibles (je ressens une certaine fierté à comprendre l’accent écossais) : ainsi, ce n’est pas compliqué de deviner que mon thaï reste et restera très rudimentaire.
Enfin, des anecdotes je pourrai en écrire des pages et des pages … découverte et émerveillement sont les mots-clés pouvant résumer ma troisième année. Il arrive parfois qu’on en ait marre : c’est alors qu’il faut faire une pause ethnique, boire un bon vin rouge avec un bout de fromage, du pain (beaucoup de pain !) et quelques amis français afin de critiquer ce pays dans lequel vous avez atterri. Mais pour une première fois en Asie, Chiang Mai fut un berceau magnifique. Cette ville a une aura apaisante. Rien n’est compliqué en Thaïlande, tout est simple : « mai pen rai », pas de souci, une sorte de « Hakuna Matata » à la thaïe. Trouver un appartement ou un scooter : c’est possible en une journée. Vous avez faim ? Descendez en bas de chez vous, vous aurez n’importe quel plat préparé en 5 min sous vos yeux ou bien des fruits fraîchement coupés. Vous avez besoin d’internet ? N’importe quel commerce peut vous proposer le wifi. Une carte sim ? Le 7 eleven pourra vous en vendre une pour 2 euros.

Mai pen rai, il s’agit seulement de ne pas se précipiter, il faut prendre son temps. Il n’y a pas de fin en soi : aucune situation n’est critique. Pour une stressée telle que je suis, c’est une belle leçon de vie. La France aurait beaucoup à apprendre de la Thaïlande : de toute manière au niveau de l’administration, ça s’équivaut.
La Thaïlande n’est cependant pas un pays parfait, le respect voire parfois le tabou font partie intégrante de cette société. Pour dire bonjour et merci : baissez la tête. Evitez de regarder la personne directement dans les yeux.  Si vous êtes en couple, n’embrassez pas votre conjoint(e) dans la rue (se tenir la main en public est déjà chose trop érotique…). N’oublions pas qu’il s’agit d’une monarchie : un seul mot de travers sur le roi et vous pouvez être envoyés au trou. Ce roi est tant aimé que sa figure finira par vous être plus familière que celle de votre grand-père : son portrait, sous différents âges, est placardé partout, dans les lieux publics sur plusieurs mètres de haut comme dans chaque foyer (à une échelle plus raisonnable du cadre sur le buffet). Un petit culte de la personnalité qui fait bizarre quand on vient de France. Au niveau politique, la Thaïlande c’est le chaos (19 coups d’Etat depuis 1932 à en croire le net) et au niveau des respects des droits de l’homme, il lui reste un très long chemin à parcourir. C’est aussi ça la vie d’expatrié : quand on est occidental, on ne ressent pas ces poids qui pèsent sur la vie des communs, du moins en Thaïlande. Mais on sait que ça existe, alors oui on se sent mal à l’aise mais assez impuissant, surtout lorsque l’on voit des cars entiers de réfugiés birmans se faire raccompagner à la frontière...
En tant que « farang », ce terme désignant toute personne blanche de peau, jamais vous ne vous sentirez ou serez agressés. Chiang Mai est la ville la plus « safe » dans laquelle il m’est été donnée la chance de vivre. Oublier les clefs sur son scooter, laisser son casque sur son rétroviseur, laisser la porte d’entrée de chez soi ouverte …  jamais rien n’est arrivé. Et en tant que femme, se balader à 2h du matin dans la rue en short est loin d’être mal venu, surtout quand on voit que d’autres Thaïlandaises portent des vêtements bien plus courts … la Thaïlande c’est aussi le tourisme sexuel, lady boy ou non, ces filles sont toutes magnifiques et sur leur 31 pour accueillir le farang affamé …

La Thaïlande ce n’est pas non plus le paradis sur terre : c’est un pays en voie de développement dans lequel il est parfois lourd d’accepter certaines façons de penser et de vivre. La réaction de l’expatrié sera basiquement « ils n’ont rien compris, chez moi c’est comme ça ». Oui, mais chez eux c’est différent et c’est leur réalité, alors il faut accepter ou rentrer.

De nouveau en France, souvent cette phrase a résonné à mes oreilles : « Alors, ce retour à la réalité ? ». Je ne suis pas revenue à la réalité, ma réalité fut l’Asie pratiquement un an durant. Ça existe, ce n’est pas seulement une carte postale. Désormais, Chiang Mai me paraît bien trop loin à mon goût, mais elle est là, quelques parts sur ce petit bout de planète. Si j’avais imaginé un jour me construire mon chez moi à des milliers de kilomètres de la France ! La Thaïlande fut un choix dû au hasard et dans ma situation, il a bien fait les choses.
Il y a toujours un pays qui vous correspondra davantage qu’un autre pour une 3A. Bon courage à tous les 2A dans cette quête du « pays parfait » (qui rassurez-vous, n’existe pas) : ce n’est pas facile, mais laissez-vous surprendre, l’inattendu pourra aussi vous réussir.

Si je veux repartir ? Bien sûr, je n’attends que ça. Quand ? Bouddha seul le sait.




[1] « Bonjour, une salade de papaye non épicée s’il vous plaît. »

#16# The last and hopefully not the least!

ROAD TRIP IN SOUTHEAST ASIA ... LETS DO IT!

- article écrit par intermittences, depuis août jusqu'à novembre, et oui il fallait trouver le temps et le courage de s'y mettre -

THAILANDE

Après mon voyage au Japon pour retrouver Alexandra et Hélène, je suis donc retournée à Bangkok le 29 juin afin d’y rencontrer mon amie Zozo.
6 heures d’avion plus tard, en provenance de Tokyo, j’atterrissais donc à Bangkok à l’aéroport international low-cost de Dom Muang. Aude devait arriver de France à l’autre aéroport au nom imprononçable. Pour se retrouver, ce fut une épopée en soi : nous devions nous trouver dans un des deux aéroports, mais au final nous nous sommes enfin revues dans une des gares de Bangkok. Merci au téléphone qui nous aura donc épargné bien des galères.
Le soir-même nous prenions un bus de nuit (compagnie Lomprayah) pour nous rendre sur l’île de Ko Phangan. Bus, et bateau, nous arrivons le lendemain vers midi dans un état lamentable. Nous avions réservé un petit Bungalow vraiment pas cher (Ok bungalow sur la côte ouest pour les intéressés). Un bungalow des plus simples mais avec une très belle vue sur la mer (coucher et lever de soleil extraordinaires). Le soir du 30 c’était donc full moon party.
Et oui, j’ai donc pu expérimenter la full moon … je m’attendais à quelques choses de vraiment, VRAIMENT bidon. Cette grosse fiesta sur la plage bourrée de Farangs qui ne sont là que pour se la mettre sans aucune curiosité pour le pays qu’est véritablement la Thaïlande ne m'alléchait guère. Résultat, j’ai été étrangement surprise de la tournure des choses, ça avait presque un esprit bon enfant, pas trash du tout, très bonne ambiance avec des musiques très différentes selon les bars le long de la plage. Une bonne petite soirée afin de célébrer nos retrouvailles, juste Zozo et moi.
Nos amis du bungalow
Les jours qui ont suivi sur Ko Phangan furent de l’ordre du « chill out ». Nous n’avons RIEN FAIT. De vraies et belles vacances pendant 4 jours à visiter les différentes plages de l’île. Location de scooter effectuée, j’ai trimbalé Audette sur des kilomètres de route un peu accidentés mais gérables. A force d’entendre parler de Koh Tao, nous avons décidé de changer d’île pour notre dernière nuit. A titre personnel, j’ai largement préféré Ko Phangan même si Koh Tao est l'île du snorkelling par excellence, celle-ci était bien trop touristique, une sorte de St Tropez à la thaï, chose peu intéressante à voir.

Le 5 nous rentrons sur Bangkok pour prendre un vol direction le Myanmar.


MYANMAR – BIRMANIE

Bangkok –Yangoun. Arrivées à Yangoun un peu tard, aux alentours de 22h30, nous étions cuites. Ce voyage en Birmanie fut énormément critiqué de la part de nos parents respectifs à Aude et moi, concernant la sécurité du pays. A savoir, la Birmanie n’est pas un lieu à risque. Le site de l’ambassade française n’est pas à jour … les seuls lieux à risque se situent à la frontière avec la Thaïlande et ne sont pas vraiment dangereux pour les touristes. Les Birmans sont très très très accueillants, même davantage que les Thaïlandais. Ils sont en fait reconnaissants à nous, touristes, de venir leur rendre visite malgré toutes ces bêtises qui se disent sur leur beau pays. La Birmanie commence à peine à s’ouvrir à l’extérieur, et c’est le moment de la visiter avant qu’elle devienne gangrénée par cet horrible tourisme de masse comme en fut et en reste victime la Thaïlande.

Nous y sommes restées au total 9 jours. 9 jours qui se résumeront à merveille par ces quelques mots « bus . de . nuit ». Notre budget pour ce mois de road trip étant relativement serré, ainsi que le temps que nous avions à notre disposition pour visiter 3 pays, nous avons privilégié les transports de nuit afin d’économiser non seulement du temps mais aussi des nuits d’hôtel. Faut pas avoir mal au coeur en voiture ... ça secoue.

Notre trajet au Myanmar : Yangoun - Lac Inle - Bagan - Mandalay.
BAGAN
Le Lac Inle restera mon endroit favoris au Myanmar. Si le tourisme commence à s'étendre en Birmanie, comme par exemple à Bagan où il était carrément invivable d'être une touriste, le lac Inle reste relativement préservé. Nous avons visité Yangoun et Mandalay que brièvement, mais c'est dans ces villes que j'ai ressenti pour la première fois après ces nombreux mois en Asie le fait d'être vraiment un corps étranger dans leur univers. Au marché de Mandalay par exemple, nous étions vraiment les deux seules Occidentales à nous balader, et Aude la seule blonde peut-être de toute la ville. 
Inle Lake
C'était un bond de 40 ans en arrière que nous vivions pendant ces visites : ce qui m'a le plus frappée, c'est le poids de la religion. Nous avons visité des temples bouddhistes, ce fut à peu près notre principale activité pendant ces neufs jours (surtout à Bagan). Le poids du religieux me faisait même penser à un retour en période médiévale : les habitants de la ville passant leur journée dans les temples, dormant jonchés sur le sol à cause de la chaleur. Des marchands un peu partout. Une expérience assez particulière : à Mandalay, dans le plus grand temple de Birmanie où se trouve le Bouddha d'or, une femme me prend par le bras, et me met à terre sur les genoux, commençant à me faire un massage avec ses coudes. Je ne savais plus comment réagir, même les autres Birmans avaient un regard assez décontenancé. Au bout d'un moment je finis par me dégager, elle me demande bien entendu de l'argent ... bien sûr je lui donne, mais sûrement pas assez à son goût, elle part jurant en birman. Situation étrange donc ...

Malgré ce, j'ai vraiment adoré ce pays. Je ne regrette pas d'avoir bravé le danger parental et d'y être allée. 
Partez en Birmanie pendant qu'il en est encore temps, avant que le tourisme ne lui enlève son âme. 



VIETNAM

Nous serons restées au total 13 jours au Vietnam, notre trajet:
HANOÏ - SAPA - HALONG BAY - NINH BINH - HUE - HOI AN - HO CHI MINH

L'impression générale du Vietnam : un pays qui regorgent de splendeurs MAIS ... dont les autochtones sont très peu accueillants (Cf le mec qui fait un croche-patte à Aude parce qu'elle a pas voulu lui acheter sa glace).

A refaire, nous serions peut-être restées davantage en Birmanie. Les paysages vietnamiens sont fantastiques mais le tourisme dénature une fois de plus le rapport aux gens. Nous sommes en bref très mitigée sur la question ... nous avons fait de belles rencontres, comme notre guide de Sapa (les rizières) ou même un jeune Vietnamien dans un bus local reliant Halong Bay à Ninh Binh, me parlant dans un anglais approximatif mais avec l'envie d'apprendre. Ce garçon restera une rencontre des plus étonnantes : il m'a parlé de politique alors qu'avoir des idées est encore chose taboue au Vietnam ... voyant que je lisais, il commence à me parler littérature et me demande si j'ai lu Guerre et paix de Tolstoi : moi ? Non. Mais lui, oui. Une conversation de peut-être une heure sur les différences entre nos deux pays. Le même âge et pourtant des chemins bien opposés, lui travaillant déjà pour une agence touristique sur un de ces milliers de bateaux faisant visiter la Baie d'Halong, moi continuant mes vadrouilles avant le retour au bercail et à l'université, bien sagement. Lui le visage déjà marqué par la vie ... Son envie d'apprendre et sa curiosité m'ont vraiment laissant un souvenir prenant. 

Le Vietnam, en BREF :

Hanoï et son trafic en scooter démentiel ... oui j'ai donc conduit sur les routes d'Hanoï, Zozo derrière. Un seul rétroviseur, un casque digne d'une casserole. Bien sûr nous nous sommes perdues ... des rues au nom impronnonçable, des gens qui ne veulent pas nous indiquer le chemin, aucun respect des priorités, des klaxons retentissant chaque seconde ... bref, LE BORDEL. Plus jamais je ne conduirai un scooter au Vietnam. 
Hanoi et les restants de la colonisation française
Règle de conduite vietnamienne : ne vous préoccupez pas de ceux qui sont derrière. Si vous êtes piéton : traversez n'importe où, au pire arrêtez vous, mais ne jamais rebrousser chemin. True story.

Sapa et ses rizières : un guide bien sympathique qui nous a fait la conversation pendant notre trekking de deux jours. Très bavard le petit. Nous avons dormi chez l'habitant dans un refuge, nous avons pris la pluie. Mais ce fut une bien belle balade.

La Baie d'Halong et les Chinois : oui parce que la Baie d'Halong pour être une des Sept Merveilles du monde, ça vaut le coup, et tout le monde le sait. Elle est bien blindée. Des Chinois, de partout. Aucun moment de répit parmi tous ces touristes. Le lieu est fantastique, nous avons fait une croisière de 3 jours pour l'anniversaire de la Blonde, nous arrêtant une nuit à Cat Ba, nous ne l'avons pas regretté. Mais le point négatif restera la non-tranquillité. 
Baie d'Halong
Cat Ba
La Baie d'Halong terrestre, ou Ninh Binh : un endroit surprenant, même si nous avons été déçues car cela l'était un peu moins que ce que nous pensions. La balade en bateau n'est pas ce qui offre la vue la plus extraordinaire ... il faut grimper un peu, et là ça vaut le coup !

Hoi An, ou Saint Tropez made in Vietnam : lieu un peu trop matuvu pour moi, mais la Blonde a énormément aimé. Chacun ses goût. Le point positif : la mer à côté. Il est vrai que le centre est vraiment mignon, c'est tout petit et agréable à visiter.

Ho Chi Minh : dernière étape que nous avons rejoint après un bus de nuit de 24h ... un bus couchette, c'est sympa, mais 24h c'est long, surtout avec le fond musical à la viet. Après avoir failli mourir plusieurs fois, nous sommes arrivées saines et sauves. Finalement Ho Chi Minh serait une ville que j'aimerais visiter davantage que Hanoi, malheureusement nous n'avions même pas 24h sur place. Une prochaine fois peut-être. De là, nous repartions pour Chiang Mai !

RETOUR AU BERCAIL - Chiang Mai

A la seule idée de retourner à Chiang Mai, je me sentais bien. Nous avions 5 jours dans l'enceinte de ma cité. J'ai retrouvé après plus d'un mois de vadrouilles mes rues, mes repères. Mais la sensation était vraiment particulière : n'ayant plus mon appartement, nous étions à la guesthouse de mon ami Gillou, un retour en arrière de 10 mois, me faisant penser à ma première arrivée dans la ville. Mes amis n'étaient plus là, du moins plus tous ! Alice était encore présente pour quelques temps, jusqu'à son rapatriement d'urgence en France. Chiang Mai s'était vidée à cause de la saison des pluies. Mais j'ai qu'en même fait bien visiter à Zozo toutes mes adresses fétiches, regoûtant pour une dernière fois à ces lieux qui faisaient partie de mon quotidien pendant cette année. 
Dernier tour d'éléphant
Dernier breakfast d'Alice à Chiang Mai Breakfast World
Dernier tour sur Doi Suthep
La principale mission de ces 5 jours, c'était le shopping : une liste longue comme le bras pour des souvenirs à ramener à famille et amis. Des listes de course ... de l'ail asiat ... pour les parents (2kg) et de la mangue séchée (2.5kg) entre autre. Au final, après avoir pris peur en ayant pesé le total (48 kg, soit 18 kg de surpoids ...) nous avons réussi à répartir la marchandise entre nos deux valises ... c'est passé très juste.